En rapportant des faits, des lieux, des présences de témoins, etc., la généalogie tisse des liens qui viennent justifier ce que le présent a gardé du passé. Seulement, quelque fois, elle se heurte à l’histoire familiale en proposant une vision plus floue et différente de l’ancien rapporté. L’histoire de la famille d’Honoré peut en être une illustration. Mais, la véritable histoire du divorce de mon père peut aussi le démontrer.
Les Parents
Honoré Aubert et Victoire Lesénéchal sont cultivateurs domestiques à Céaux. Honoré Aubert a été baptisé deux jours après sa naissance à l’église Saint-Sulpice à Macey dans la Manche. Honoré et Victoire se sont mariés en 1890 à Servon toujours dans La Manche.
Céaux est une commune, située dans la baie du Mont Saint-Michel, à côté de Servon et compte en 1891, 505 habitants (aujourd’hui, un peu plus que 400).
Honoré, l’aîné
Honoré François Aubert naît le 10 novembre 1891 au village Les Parchets faisant partie de la commune de Servon. Aujourd’hui, deux, trois bâtiments d’une ferme isolée !
Il est certain qu’Honoré, très vite, n’a pas eu envie de continuer le métier de ses parents. La ferme ne l’intéresse pas, il s’engage certainement à Cherbourg. Et dès 1915, soit à l’âge de 26 ans, il est déjà caporal.
Marie Victoire Pauline
La première fille du couple est née le 8 décembre 1892* toujours aux Parchets. La famille la surnomme La bijoutière, sans avoir retrouvé des éléments concernant l’explication de cette appellation !
Sur son acte de naissance, il est noté qu’elle s’est mariée avec Albert Gauchet le 7 avril 1915. Mais il s’agit d’une erreur de report de l’état civil. Car, Albert Gauchet est retrouvé au recensement de 1911 à Montreuil sur Seine, actuellement en Seine-Saint-Denis, noté Gaucher, au 128 rue de Paris. Seulement, il est noté vivant avec Victoire née en 1866 (?) avec trois enfants : Emile né en 1894, Gabriel en 1901 et André en 1904. Albert était noté charretier chez Morel à Montreuil. Marie Victoire ne peut être mère à 2 ans !
Toujours sur son acte de naissance, est noté son mariage avec Jean-Baptiste Picot le 26 mai 1919 à Avranches. L’acte de mariage est en attente de réception.
Comment une fille de cultivateur domestique peut-elle devenir bijoutière ? Son mari, Jean-Baptiste est le dernier enfant du couple Jean Edouard Auguste et Estelle Marie Sophie Lebrun. Il est né le 16 mars 1886* à Mondrepuis.
À la réception de leur acte de mariage*, 26 mai 1919, je constate que Jean-Baptiste est bien horloger Bijoutier à Nanterre au 4 Place Martroy. Il a 33 ans. Sa première témoin, qui est la tante paternelle, assiste au mariage. Elle se prénomme Justine et réside à Dieppe. Elle est veuve d’un certain « Hoyers » (le nom est difficile à lire) et a 77 ans à ce moment-là. Le frère de Jean-Baptiste, René, est son second témoin et se déclare employé de commerce âgé de 35 ans domicilié à Lyon.
Par contre, Marie Victoire, bijoutière, est déclarée vivante au 4 rue du lot d’Etain à Avranches. Les deux parents Gauchet sont déclarés cultivateurs à Céaux. Par contre, la grand-mère est déjà veuve. Leurs témoins sont un quincaillier et un cultivateur.
Un contrat de mariage a été déposé chez Maître Barillet, notaire à Avranches. Les recherches se poursuivent 🙂
Le père de Jean-Baptiste est déclaré contremaître dans les filatures.
Un généalogiste amateur déclare dans son arbre à la fiche de jean Edouard : « Edouard Picot, lorsqu’il arriva dans le Nord, fut d’abord contremaître dans une filature. Il reprit par la suite des filatures à Roubaix, Fourmies (où eurent lieu les tristes évènements de 1891) et à Anor. Le ministre Eugène Motte, maire de Roubaix, le propulsa au poste de directeur général du groupe Motte. C’est avec le groupe Motte qu’il partit en Russie pour implanter des filatures. Édouard est décédé en 1916, à l’âge de 62 ans et a été inhumé à Fourmies. C’est le fils aîné, Gaston Léon Edouard, qui semble avoir repris les affaires du père. Il se dit négociant en laine, représentant et rentier. Des recherches succinctes ne permettent pas de justifier ces aspects. Elles se poursuivent !
On ne sait exactement quand leur mère est décédée. Mais, aux décès des parents, les enfants ont dû se partager un sacré héritage, qui a permis à chacun de continuer à faire partie de la grande bourgeoisie. Alors, on comprend pourquoi Marie Victoire Pauline était surnommée la bijoutière. Au propre ou au figuré, ses bijoux ne devaient pas être factices !
Marie Victoire Pauline est décédée à Avranches le 9 février 1972. Elle n’a pas eu d’enfant. On ne connaît pas la date du décès de son mari.
Victorine Agathe Honorine Eugénie
La dernière sœur d’Honoré est née le 5 février 1895 à Servon. On connaît peu de choses de sa jeunesse. Elle s’est mariée avec Rimbert François Eugène Auguste, qui sera témoin au mariage d’Honoré et Frida en août 1933.
Né le 8 novembre 1896* à Lotif dans la Manche, François Eugéne Auguste est devenu Maréchal mécanicien pendant les quatre ans de la première guerre mondiale. Seulement, blessé à plusieurs reprises avec des suites importantes, comme plusieurs trépanations dues à des éclats de bombe d’avion, il a gardé un « caractère irritable et excentrique ».
De plus, il a une invalidité de 100 %. Néanmoins, dès 1930, il est devenu fonctionnaire des contributions indirectes en sa qualité de Receveur buraliste à Granville. En 1947, il habite Granville sur la Place du Maréchal Foch. En novembre 1933, il reçoit enfin la décoration de Chevalier de la Légion d’honneur. En 1947, après une enquête qui le qualifie de « bonne conduite et moralité », il est promu à l’ordre des officiers de La Légion d’honneur.
L’histoire familiale raconte que le couple comptait deux enfants, dont l’un, Roger, était un des jeunes amoureux de Suzanne. Seulement, il y a aucune trace dans les différents sites généalogiques. Alors, il faut revenir aux archives !
Au recensement de 1931, François et Victorine habitent à Almenêches dans l’Orne au 31 sur la place du Marché. Il est déjà receveur buraliste et sa femme est dite « débutante » et ils n’ont pas d’enfant. En 1936, ils n’y sont plus !
On les retrouve en 1947 à Granville à la Place du Maréchal Foch. Et, pour l’instant, je n’ai pas encore trouvé d’enfants au couple !
Source
Base de données Léonore pour les médaillés de la Légion d’honneur
Pour aller plus loin
Légende
*signifie que les actes d’état civil sont disponibles